Les quatre points cardinaux
Dans un monde très agité, dans une société emportée par le train de l’évolution à très grande vitesse des technologies, notre équilibre vital dépend de notre capacité à nous adapter. C’est l’un des paramètres de la vie sur terre, c’est aussi une cause de disparition des espèces. L’homme produit aujourd’hui toutes les causes des conséquences qu’il subit, jusqu’au facteur climatique ! Cela ne le délivre pas du sentiment d’impuissance individuelle ou collective contre lequel nous luttons tous comme nous le pouvons pour éviter d’avoir la sensation de glisser sans contrôle sur une patinoire ou de marcher la tête en bas.
Les wagons des réformes nécessaires, volontaires ou subies, se succèdent à un rythme tel qu’une part de plus en plus en grande de notre énergie est consacrée à rétablir notre équilibre sur ces appuis éphémères. Le monde associatif et particulièrement le mouvement sportif, porteur plus que tout autre des valeurs humanistes, subit de plein fouet cette course aux changements dont les objectifs sont si mal dessinés ; l’absence de buts consentis, l’absence de définition d’un projet général, à minima l’absence d’explications sur les questions que nous pose le temps présent, complexifié par son instabilité, nous entraînent à des remises en question périlleuses voire dangereuses si l’on en vient à perdre nos grands repères !
Les problématiques conjoncturelles doivent être gérées avec responsabilité certes, mais elles ont aussi bon dos pour corrompre insidieusement un modèle de société, un contrat social ou pour justifier de nouvelles priorités déterminant l’usage de l’argent public.
Le mouvement sportif mérite un discours clair et franc. Nous méritons que l’on nous épargne la langue de bois et les faux fuyants. Pourquoi ? Parce que le mouvement sportif est vulnérable ! Notre diversité, notre cadre légal d’activité, nos buts mêmes ne nous permettent pas (pour l’immense majorité des associations que nous représentons) d’exister sans le support de l’Etat et des collectivités territoriales. Leurs représentants pourraient tenter d’affronter les défis d’aujourd’hui et de demain qui nous concernent avec réalisme et surtout avec nous. Nous devons nous même être capables de prendre en compte la grande diversité des enjeux, des contextes et des moyens que l’on rencontre dans la très grande famille du sport. Si notre légitimité n’en dépend pas, notre force oui ! Le mouvement sportif revendique sa place, sa culture, son utilité sur des fondamentaux qu’il conviendra de rappeler « urbi et orbi ». Nous revendiquons le rôle essentiel que nous tenons et que nous avons toujours tenu dans quatre domaines qui sont nos quatre points cardinaux : l’éducation, le lien social, la santé et le fonctionnement de la démocratie. Tels sont ces fondamentaux que nous partageons et que nous défendons avec toutes les institutions de l’Etat de droit dans lequel nous vivons.
Est-ce une utopie ?
Thierry Le Prisé